La Lorraine dans le temps

CEINTREY, village de l'ancien duché de Lorraine, sur la rive droite du Madon  route départementale n.° 6 de Nancy à Mirecourt, à 22 kms sud. de Nancy, chef-lieu de l'arrondissement, 9 kms nord d'Haroué, chef-lieu du canton. Population : 816 habitants, 82 électeurs censitaires., 12 conseillers municipaux, 127 feux. Nombre d'enfants : 165 en hiver, 80 en été. Une Sœur de la Doctrine Chrétienne dirige l'école des filles. Surface territoriale : 833 hectares en terres labourables, 98 en prés, 6 en vignes, 102 en bois. L'hectare semé en blé peut rapporter 16 hectolitres, en orge et avoine 18, en seigle 17 ; planté en vignes 55. On y élève principalement des chevaux. Les habitants ont conservé, pour la culture, le mode d'assolement triennal.

Ancienne population : 1710, 56 hab., 1802, 766 hab., 172 feux ; 1822, 800 hab., 204 feux. — Ancienne division : En 1594, c'était un fief dépendant de la prévôté et du baillage de Nancy. 1751, baillage de Vézelise, maitrise et généralité de Nancy, cour souveraine et coutume de Lorraine, 1790, canton de Pulligny, district de Vézelise. — Spirituel : Doyenné du Saintois, diocèse de Toul 1778, évêché de Nancy.

Ce village est fort ancien : il fut donné aux chevaliers de Rhodes par Yidricq de Ceintrey en 1156, donation qui fut confirmée la même année, par Pibon, évêque de Toul. Dès le Xème siècle, il est parlé des seigneurs de ce nom : l'un d'eux, en 989, donne les dîmes et les chapelles de Voinémont et de Benney à l'abbaye d'Epinal ; en 1050, un autre signe comme témoin dans la charte de fondation de l'abbaye de Chaumouzey ; enfin, en 1176, il est question d’un Ludovic de Syntrey, dans une donation faite aux religieux de Clairlieu. Comme on le voit, la maison de Ceintrey, qui fut une des plus illustres de la province et de notre ancienne chevalerie, remonte à une haute antiquité ; mais elle s'est éteinte en 1169, par la mort de Jehan de Ceintrey, tué dans un combat. Les seigneurs de cette famille avaient fait construire un château près de l'église et du ruisseau de Grand-Rupt, dont les eaux remplissaient les fossés. Vers 1740, dit l'auteur du Pouillé du Doyenné du Saintois (manuscrit de la bibliothèque de M. Noël), on en trouva les ruines en creusant un fossé dans une cave.

Les Archives de Lorraine renferment plusieurs titres relatifs à cette commune. En 1550, le fief de Ceintrey (Santerez) fut donné par Ferri III à Hugues de Paro) et à Ferri de Chamblay ; au XIVe siècle, il était possédé par les comtes de Linange; en 1399, Elme, l'un d'eux, l'engagea à différents seigneurs pour 600 écus couronnés, de fin or, au coin du roi de France enfin, en 1503, René l'ayant racheté de liesse de Linange il rentra dans le domaine ducal. En 1593, un Guillaume de Ceintrey fut anobli par le duc Charles III, en considération des services qu'il avait rendus à ce prince et Christophe de Ceintrey, qui vivait en 1663, fut confirmé dans sa noblesse ; mais ces seigneurs n'étaient pas les descendants de l'illustre famille dont nous avons parlé.