La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

la Lorraine sous Léopold 2.28 - embellissement de Nancy

construction de la place de la Carrière

 

Par la fondation de son académie, Léopold n’avait pas assez fait pour honorer les arts ; il leur donne un nouveau gage de sa haute estime en répandant leur lustre sur ses États. Il fait construire le nouveau palais ducal de Nancy, le palais de la Malgrange, le château de Lunéville avec ses parterres, ses bosquets et ses orangeries, et le château d'Einvillc avec son parc. Sous son règne s’élèvent dans sa capitale les magnifiques églises de la Primatiale, de St-Léopold et de St-Sébastien, et sur d’autres points de nouvelles églises, des maisons religieuses et des édifices publics de tout genre.A son exemple, la noblesse lorraine, qui aimait à se grouper autour de lui, se fait bâtir à Nancy un grand nombre de somptueux hôtels qui ajoutent encore à l’ornement de cette ville.

Le duc, après avoir approuvé toutes les mesures prises par l’hôtel de ville dans le but d’embellir les diverses rues de Nancy, en suit lui-même l’exécution. Le 2 janvier 1710, il écrit à M. Charles Arnould de Vignoles, conseiller d’État, procureur général aux Chambres des Comptes de Lorraine et de Bar et premier conseiller en l’hôtel de ville, ainsi qu'aux autres conseillers de cette collectivité, que plusieurs bourgeois ont déjà élevé et aligné leurs maisons , mais que d’autres se sont montrés récalcitrants sous prétexte qu’ils ne connaissaient pas sa volonté.IL poursuit en disant qu’il ne tolérera pas ce prétexte et que son intention est également d’obliger les maisons religieuses, les antres communautés et les particuliers qui possèdent de grands emplacements, en cours ou en jardins, sur les rues et les avenues principales de Nancy, à y faire construire , en observant l’uniformité et l’alignement adoptés, des maisons d’habitation pour les bourgeois, et à contribuer de cette manière à l’agrandissement et à l’embellissement de sa capitale. Il ordonne donc aux magistrats municipaux de forcer les bourgeois retardataires à donner à leurs maisons, dans un délai déterminé, la hauteur et l’alignement prescrits, et de faire bâtir par les propriétaires des habitations sur les terrains avoisinant les rues et les avenues de la ville.

Ces constructions ont servi à accroître l’importance de la Ville-Neuve de Nancy que, dès le commence­ment de son règne, Léopold avait songé à entourer de murailles, pour protéger les biens des sujets. Il avait même résolu en conseil, le 20 juin 1701, de lever en trois années consécutives une contribution extraordinaire de cent cinquante mille livres pour payer la dépense de ces murailles.

Nancy s’embellissait à vue d’œil, mais ses rues n’étaient pas éclairées, même pendant les nuits les plus sombres de l'hiver. La fréquentation nocturne en était pénible et souvent dangereuse. Le besoin de lanternes publiques — le gaz était encore à venir — se faisait sentir davantage chaque jour. Léopold autorise la perception de droits d’octroi pour couvrir la dépense de ce mode d’éclairage et parer aux autres charges locales, et décide, le 30 août 1715, qu’il sera fabriqué incessamment 230 lanternes « à huit pans de trois carreaux de verre blanc, sur quinze pouces de largeur et deux pieds de hauteur. ».

Elles étaient distancées les unes des autres de dix à seize toises de Lorraine. Suspendues au milieu des rues à des cordages, elles étaient, dans les places publiques, posées sur des bras de fer saillant de six pieds et dans la Carrière sur des poteaux à dix toises de distance. On les éclairait au moyen de chandelles « d’un quarteron de pur suif bien conditionné », — l’huile aurait été trop chère —, et on les nettoyait tous les mois. On les tenait allumées du 24 octobre au 24 mars, dès cinq heures et demie en octobre et novembre, dès cinq heures en décembre et janvier et dès six heures en février et mars. Quand il faisait clair de lune, on les jugeait inutiles et on ne les allumait pas. Dès le 24 mars, on les enlevait et on les enfermait dans les magasins de la ville. La fabrication, le nettoiement et l’entretien des lanternes et de leurs accessoires et la fourniture des chandelles étaient chaque année mis en adjudication par les soins de l’autorité urbaine.

Chaque année aussi le lieutenant général de police choisissait un certain nombre de bourgeois « pour allumer les chandelles dans les lanternes » au signal donné par le tintement de la cloche du guet. A raison de leur service, les allumeurs étaient pendant les six mois d’éclairage « exempts de toutes charges, impositions, guets, gardes, assemblées d’armes, levées, débits de ville et sols de paroisse ».

Il était défendu, sous peine de 200 francs d’amende pour la première fois, de 400 francs et de prison en cas de récidive, d’enlever ou de faire enlever les lanternes, de leur jeter ou faire jeter des pierres, de couper leurs cordes, de rompre leurs boîtes, ou de commettre aucun autre désordre semblable. Les pères, mères, tuteurs, tutrices, maîtres, maîtresses, hôtes et aubergistes demeuraient civilement responsables de ces délits pour leurs enfants, pupilles, domestiques, pensionnaires et gens logés dans les auberges. Toute personne était tenue, à peine d’amende et de dommages-intérêts, d’arrêter ou faire arrêter sur-le-champ les coupables, qui étaient jugés en premier ressort par le lieutenant général de police.

 

Source C. Charton - 1866

 

A suivre.

 

 

 

 



30/08/2021
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