La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

Les Etats de Lorraine sous Léopold - 2.12 - La milice bourgeoise

On sait que les gardes nationales ont toujours été quelque peu mutines. « Rétablissez, si vous voulez, la garde nationale de Lyon, disait, il y a quelques années, le maréchal de Castellane, mais donnez-moi une armée pour la garder. » Sous Léopold, on reprochait à celle de Nancy de se prêter difficilement aux gardes et aux parades, de se livrer à des désordres et de compromettre la sûreté publique au lieu de la conserver.

Le conseil de ville, voulant la discipliner, fait revivre de vieux règlements qui étaient tombés en désuétude et qu’il reproduit dans son ordonnance du 13 septembre 1701.

Aux termes de ces règlements, chaque capitaine tient la main à ce que les bourgeois de sa compagnie soient armés d’une épée et d’un fusil long de trois pieds. Chaque bourgeois non noble, aussitôt qu’il est commandé ou que le tambour bat au drapeau, est obligé de se rendre avec ses armes devant le logis de son capitaine, à peine de trois francs d’amende, si c’est de jour, et de sept francs, si c’est de nuit. Cette amende, qui se partage par moitié entre les besoins de la compagnie et ceux de la ville, est encourue dès que la compagnie se met en marche.

Les officiers doivent être promptement obéis, à peine de cinq francs d’amende.

Sous peine de pareille amende, les miliciens ne peuvent quitter le corps de garde qu’avec la permission de l’officier commandant, ni se quereller, ni faire du désordre, ni jurer, ni blasphémer le saint nom de Dieu, ni se présenter ivres sous les armes, ni se faire remplacer sans l’autorisation de leurs chefs dans les parades ou les gardes. L’exemption de la parade et le droit de remplacement dans la garde sont toutefois accordés par privilège aux avocats qui ne sont pas du nombre des six anciens de leur ordre, aux avocats au conseil, aux médecins et aux sexagénaires. Ces derniers sont même exemptés du service quand ils sont pauvres.

La même amende atteint celui qui décharge l’arme d’un autre au corps de garde ou dans les rangs.

 

 

Le bourgeois commandé de garde ou de tout autre service se munit de poudre et de plomb pour trois coups au moins et faire en toute saison et tous les quinze jours l’exercice aux bourgeois : cet exercice a lieu le dimanche ou un jour de fête, après le service divin, et, autant que possible, le major et les aides-majors doivent y assister. Les miliciens ne peuvent tirer leurs fusils dans les rues, en montant ou en descendant la garde, en allant à la parade ou en en revenant, et, lorsqu'ils sont sous les armes, ils ne peuvent non plus faire feu, que sur l’ordre des commandants.

Entre tous les officiers de la milice il y a subordination de l’inférieur au supérieur.

Les capitaines nomment sergents et caporaux les bourgeois qu’ils jugent le plus propres à ces grades et qui sont forcés d’en remplir fidèlement les fonctions, sous peine de 25 francs d'amende.

Les amendes sont prononcées par le conseil de ville à la réquisition et sur le simple rapport des officiers, recouvrées par les sergents de ville et enregistrées au greffe.

Dans la milice bourgeoise se trouve une compagnie de luthiers, qui ne compte pas plus de soixante-dix hommes. Lors des assemblées générales, cette compagnie tient le premier rang ; les autres compagnies marchent après elle, dans l’ordre de leurs quartiers, en commençant par la Ville-Vieille. Dans les cérémonies, les officiers ont le pas entre eux suivant l’ordre et l’ancienneté de leur réception, et, en cas d’égalité, suivant l’ordre de leurs quartiers.

L'officier de garde ne peut coucher hors du corps de garde sans encourir la privation de son grade : il fait patrouille toute la nuit de deux heures en deux heures. Si un bourgeois sous les armes insulte un officier ou lui désobéit, celui-ci est libre de le faire désarmer et de l’arrêter sur-le-champ, de le faire garder à vue dans un coin du corps de garde et d’en donner avis au conseiller de son quartier, pour que le coupable soit puni sévèrement et selon l’exigence des cas. Mais le règlement invite par mesure paternelle les officiers à user avec modération et discrétion du pouvoir qu’il leur donne.

Le duc fait subir à cette ordonnance, le 28 avril 1726, des modifications qui tendent à mieux assurer la répression des écarts des miliciens bourgeois. D’après ces modifications, les amendes profitent entièrement à la compagnie et sont perçues par le major qui doit en rendre compte chaque année. Les remplacements ne sont plus autorisés que par le prévôt de Nancy. Quand les bourgeois font l’exercice, le gouverneur de la ville est prévenu de leur première réunion, et les places sont désignées par le prévôt. Ce dernier nomme les sergents et les caporaux sur une liste triple de candidats présentés par les capitaines ; c’est lui aussi qui punit les insultes et les désobéissances.

Dans les cas d'incendie, de désordre extraordinaire ou de sédition, les compagnies s’assemblent dans leurs quartiers pour être employées où il convient et suivant les ordres donnés. Tous les miliciens doivent s’y rendre, à l’exception des charpentiers, des maçons, des ardoisiers, des couvreurs et des autres ouvriers qui travaillent à éteindre le feu et qui se transportent au premier coup de cloche sur le lieu du sinistre, avec les haches et les outils nécessaires.

Du reste il est interdit aux compagnies de prendre et de quitter les armes sous aucun prétexte sans la permission du gouverneur ou de son suppléant.

Il n’est nullement question de l’uniforme dans le règlement, il est prévu que les miliciens se montraient sous les armes dans leurs vêtements bourgeois, qui variaient de formes et de couleurs et qui devaient offrir un aspect bizarrement pittoresque. On n’exigeait d’eux que les armes et les munitions ; c’étaient les choses indispensables à une époque, malgré les sages mesures de son prince, la Lorraine ne jouissait pas de la sécurité la plus complète.

 

A suivre

 

Ceux qui auraient manqués les épisodes précédents peuvent les retrouver sur mon site : www.la-lorraine-dans-le-temps.com

 

 

 



18/09/2020
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