La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

La vie en Lorraine au siècle des Lumières - 1.6 la maison civile de Léopold

 

Les nobles avaient abandonné les manoirs de leurs ancêtres pour vivre auprès du souverain et dans l'espoir d'obtenir quelque office à la cour ; ils suivirent Léopold de Nancy à Lunéville.

A côté de M. de Carlingford, qui, en sa qualité de grand maître de l'hôtel, était le plus haut dignitaire de la maison du prince, nous trouvons, en 1702, parmi les principaux officiers, le comte de Couvonges, grand chambellan ; le comte de Tornielle et le marquis de Lambertye, maréchaux de Lorraine et de Barrois ; le marquis de Lenoncourt, grand écuyer ; les marquis de Blainville et de Rorté, premiers gentilshommes de la chambre ; le comte de Brionne, grand maître de la garde-robe ; MM. de Custine, de Craon, de Ludres, de Ligniville de Tumejus, de Martigny, etc., chambellans ; M. de Hoffelize de Valfrocourt, maître d'hôtel ; M. de Raigecourt, grand veneur ; M. de Curel, grand louvetier.

La maison civile de Léopold comptait, en 1702, environ 350 serviteurs de tout rang (ils seront près de 500 au moment de son décès) ; il y avait une quinzaine d'officiers du cabinet, trésoriers, contrôleurs, secrétaires, dont un secrétaire allemand ; 33 officiers de la chambre, chambellans, gentilshommes ordinaires, valets de chambre, huissiers ; 4 médecins et apothicaires ; 8 aumôniers ou prédicateurs, dont un prédicateur allemand ; 19 trompettes et instrumentistes ; 40 à 50 officiers de cérémonies, valets de pied, coureurs, porteurs de chaise, heiduques ; 38 chefs de cuisine, rôtisseurs, marmitons, porteurs de bois, maîtres des caves, etc. Le service de l'écurie occupait 94 hommes, cochers, muletiers, postillons ou palefreniers, sans compter les 5 écuyers ; sept cents chevaux et trente-six carrosses (la plus belle cavalerie d’Europe). Le service de la vénerie comptait 47 gentilshommes, capitaines des chasses, piqueurs, chasseurs, valets de limiers, valets de chiens, valets de dogues, etc.

 

 

Les pages, au nombre de 24, avaient un gouverneur, M. du Menil ; un précepteur, le sieur Philibert ; « un maître à danser», un « maître de langues et mathématiques», un « maître écrivain» et quatre valets pour les servir.

Outre la maison de Léopold, il y avait celle de « Madame Royale » (c'est ainsi qu'on appelait d'ordinaire la duchesse de Lorraine) comprenant en tout 32 dames, officiers ou domestiques. La marquise d'Haraucourt était dame d'honneur ; la marquise de Lenoncourt-Blainville, dame d'atour ; Mme de Nettancourt, gouvernante, et Mme de la Marche, sous-gouvernante des 7 filles d'honneur ; le comte des Armoises remplissait les fonctions de chevalier d'honneur. Enfin 9 personnes étaient destinées au service unique de « Mme la princesse » Elisabeth-Charlotte, qui avait alors deux ans, et dont la gouvernante était Mme d'Heudicourt. 15 officiers ou domestiques étaient attachés au plus jeune frère de Léopold, le prince François, qui avait pour gouverneur le marquis de Trichâteau, pour confesseur et précepteur, M. Le Grand de Mont.

Il eût été impossible à Léopold de soutenir un tel état de maison si les traitements avaient été aussi élevés que dans la plupart des cours. Mais, à part M. de Carlingford, qui touchait 30000 livres, les « gages » des officiers lorrains étaient des plus modiques. Le grand chambellan et le grand écuyer avaient chacun 1500 livres ; le grand maître de la garde-robe, 1200 livres ; les chambellans et écuyers, 900 livres ; les valets de chambre, 500 livres ; le « maître de langues et mathématiques » des pages émargeait au budget ducal pour une somme de 400 livres, bien moins favorisé que le « maître à danser », qui recevait annuellement 1050 livres.

Ces traitements, au dire de M. de Turgot, étaient proportionnés aux revenus des Lorrains du temps et suffisaient aux courtisans pour vivre avec aisance dans un pays abondant en denrées de toute sorte : « C'est une sagesse à eux, écrivait-il, de se tenir dans cette retenue nécessaire à leur état. »

Les dépenses de l'hôtel ne s'élèvent, en 1702, qu'à 285000 livres, et encore dans cette somme figurent les pensions, bien faibles, il est vrai, servies par le prince, ainsi que les traitements des six professeurs de l'Université de Pont-à-Mousson (1380 livres en tout !), une allocation de 130 livres pour l'entretien du jardin botanique de la Faculté de médecine, et 600 livres octroyées à Bruguol, « géographe  ».

 

Prochain épisode : la maison militaire de Léopold.

 

Vous trouverez le détail des sources utilisées dans l’article « la vie en Lorraine au siècle des Lumières, introduction » publié le 2 février 2020 dans le blog « la-Lorraine-dans-le-temps ».

 

 

 

 

 



22/03/2020
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