La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

Bayon en 1840

Bourg de l'ancien duché de Lorraine, sur l’Euron, à droite de la Moselle, routes départementales n° 9 de Lunéville à Charmes, n° 19 de Bayon à Vézelise, chemins de grande communication n.° 4 de Nancy à Bayon, et n.° 26 de Bayon à Rambervillers, et près de la route royale n.° 57 de Metz à Besançon, à 52 kilomètres. S.-S.-E. de Nancy, 22 S.-O.de Lunéville. Population : 910 hab, 12 conseillers municipaux, 247 feux. Nombre d'enfants : 161 en hiver, 72 en été (1). L'école des filles est dirigée par une sœur de Portieux. Surface territoriale : 605 hectares ; 575 en terres labourables, 90 en prés, 11 en bois, 54 en vignes. Bayon est un chef-lieu de canton. Il y  a un bureau d'enregistrement, une brigade de gendarmerie, une perception des contributions directes ; pont en bois sur la Moselle, carrière de plâtre, moulin, tuilerie, brasserie. La chaux de Bayon est renommée, et son vin avantageusement connu dans le pays sous le nom de vin de Moselle. Foires, les 26 avril et 5 novembre. Ecart : Autreval. Courrier : Neuviller sur Moselle

Anc. pop. : 1710, 128 habitants ; 1778, environ 500 habitants, 200 feux ; 1802, 793 habitants, 182 feux ; 1822, 781 habitants, 186 feux. — 1594, Bayon dépendait de la prévôté de Rosières, baillage de Nancy ; en 1720, le 7 octobre, Léopold érigea Bayon en marquisat en faveur de Mme de Ludres, et en fit le siège d'une prévôté dont les appels se portaient à la cour souveraine de Lorraine ; en 1757, Stanislas supprima la prévôté et créa, à sa place, une prévôté bailliagère qui rassortissait au parlement de Nancy ; 1790, chef-lieu de canton , district de Lunéville.— Eglise catholique : Doyenné d'Epinal, diocèse de Toul; 1778, évêché de Nancy. La cure était à la nomination de l'évêque pendant les six premiers mois de l'année, et pendant les six autres, à celle du chapitre de Remiremont.

 

 

Le bourg de Bayon, autrefois qualifié de ville chef-lieu d'une terre considérable, remonte à une assez haute antiquité : l'abbaye de Senones le donna à la maison de Salm et, à la fin du XIIe ou au commencement du XIIIe siècle, il devint l'apanage de Henri de Lorraine, surnommé le Lombard, qui en fit bâtir le château. Au XVe siècle, Bayon était fortifié : en 1477, deux seigneurs ayant pris le parti du duc de Bourgogne, s'y enfermèrent, et la ville fut assiégée et prise d'assaut. La même année, les Bourguignons s'en rendirent maîtres, ainsi que du château, et s'y maintinrent quelque temps ; mais les troupes lorraines s'étant réunies sous la conduite de plusieurs vaillants chevaliers, s'avancèrent contre Bayon, au nombre d'environ 2000 hommes, et escaladèrent la place, où elles firent un immense butin. Dans une charte donnée aux habitants parle duc René, en 1482, au sujet des foires qui s'y tenaient le 5 novembre, il est parlé des prérogatives et privilèges dont jouissaient ces marchés, qui avaient une certaine importance.

L'héritière de la maison de Bayon, morte en 1469, avait porté cette seigneurie dans la maison d'Haraucourt, dont un des membres la vendit à Diane de Dommartin. En 1686, Marie Louise d'Apremont, duchesse de Lorraine, vendit une partie de cette terre à un bourgeois de Metz, nommé Anne Rivet, dont les héritiers la revendirent, cinq plus tard à Mme de Ludres, en faveur de qui elle fut érigée en marquisat. Enfin, en 1753 et 1757, elle devint la propriété de M. de la Galaizière, intendant de Lorraine, et Stanislas y créa, ainsi que nous l'avons dit, une prévôté bailliagère, composée du prévôt, du procureur fiscal, d'un substitut et d'un greffier. La mesure des liquides à Bayon était comptée dans le pays pour la plus grande : les 12 pots et une pinte faisaient 18 pots ou la mesure de Nancy.

 

 

La cure de Bayon existait déjà en 1302, et l'église paroissiale, fort ancienne aussi, était placée sur la terrasse, dans l'enceinte du château. Il y avait encore un hôpital dont la construction datait d'une époque assez reculée. La chapelle en fut unie aux Tiercelins que le duc de Croy y établit en 1624, et qui habitèrent d'abord le château. Mme de Ludres avait fondé dans ce bourg, en 1713, une mission de quinze jours, qui devait se faire, de cinq ans en cinq ans, par deux jésuites du Noviciat de Nancy. Il y avait, avant la révolution un pré de quelques fauchées, appelé le Pré-du Taureau, attenant à la cure, qui était obligée de nourrir le taureau banal.

L'ancienne maison de Bayon portait d'argent à la bande de gueules ; les armes du marquisat furent ensuite bande d'or et d'azur de six pièces, à la bordure engrêlée de gueules ; puis, d'argent au mont de sable, enflammé de gueules, l'écu surmonté d'une couronne de marquis, et pour supports deux sauvages.

La petite ville de Bayon, avec ses fortifications du moyen-âge, tombant en ruines, et construites elles-mêmes en quelques endroits, sur des fondations plus anciennes, a conservé des traces du passage des Romains dans nos contrées : à différentes époques on y a trouvé des médailles romaines.

Mais Bayon fut sans doute d'une bien faible importance auprès du poste militaire qui était tout à côté, sur la côte Lebel, entre Bayon et Virecourt et dominait le cours de la Moselle. Il occupait une surface d'environ 2 hectares 50 ares, que défendait une enceinte de murs d'une épaisseur extraordinaire. Les fondations existaient encore vers le milieu du siècle dernier, puisqu'elles ont été arrachées pour construire une digue à la rivière et un couvent à Bayon. En 1859, M. le curé de Manoncourt, l'un de nos plus zélés archéologues, faisant des fouilles sur cette côte, y découvrit, à une faible profondeur, 74 tombeaux construits seulement avec des pierres posées à plat sur d'autres verticales. Ils contenaient des ossements très altérés, de longs et forts couteaux, des boucles de ceinturon, d'autres en fer profondément niellées en argent, des vases en cuivre très minces, des colliers en émail, des bagues, des bulles rondes en cristal, d'autres en argent et en forme de croissant, enfin beaucoup de ces vases en terre rouge ou noire qu'on rencontre toujours vides dans les sépultures romaines du Bas-Empire et même dans celles de l'époque mérovingienne.

 

Bayon par CLAUDOT

 

On remarque, dans l'église de Bayon, dont une partie des constructions appartient à un édifice de style gothique très-ancien, un sépulcre du Christ, dont les sculptures semblent remonter au moins au XVe siècle.

On croit que l'historien Jean de Bayon, qui écrivait au XIVe siècle, était né dans cette ville.

 

D’après "le département de la Meurthe" par Henri LEPAGE - 1843

 

(1) source : école. En été de nombreux enfants ne fréquentaient pas l’école, étant mobilisés par les travaux des champs.

 



11/05/2020
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