La Lorraine dans le temps

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La nouvelle tenue de l'Infanterie

 

Dès le début de la mobilisation, le ministère de la guerre a du se préoccuper de faire confectionner un nombre d’uniformes considérable. Les approvisionnements réglementaires ont permis d’habiller et d’équiper sans retard toute la réserve de l’armée active et la majeure partie de la territoriale ; d’autre part, on a pu, sans grand inconvénient, négliger un peu la tenue des braves vétérans appelés à garder, loin du front, des ouvrages d’art et les voies ferrées. Mais outre qu’il va falloir habiller les jeunes classes récemment appelées, on devra bientôt songer à renouveler l’habillement des centaines de mille hommes qui combattent depuis le début de la guerre. Il est admis en effet que l’uniforme d’un fantassin en campagne ne peut guère résister plus de trois mois.

Le ministère de la guerre a voulu profiter de cette occasion pour modifier enfin la couleur de la tenue de nos troupes. En dépit des questions de sentiment qui avaient contribué à son maintien, le pantalon rouge, trop voyant, est abandonné pour l’infanterie ; le bleu indigo a paru lui-même trop visible pour la capote qui se profile nettement à une assez grande distance, grâce un peu à sa coupe droite et nette, ne rappelant en rien le flou de la capote allemande.

L’intendance avait songé à adopter pour la nouvelle tenue un drap étudié par elle avant les hostilités et appelé drap tricolore. La tonalité de ce drap ne rappelle en rien les nuances vibrantes que ce nom évoque : c’est un drap chiné bleu foncé où l’on distingue en le regardant de près quelques fils rouges et quelques fils blancs. A faible distance les trois couleurs se fondent en une couleur bleu violacé assez sombre, moins chaude à l’œil que le bleu de la tenue actuelle, assez seyante néanmoins et à peine visible à partir de 300 ou 400 mètres. Mais la préparation et le mélange de ces trois teintes exigent un travail un peu spécial et il a été reconnu à peu près impossible d’obtenir une nuance identique dans les nombreuses usines auxquelles on est obligé de s’adresser simultanément.

La maison Balsan de Châteauroux a alors proposé un drap chiné bleu dont la fabrication ne présente pas les mêmes difficultés et qui a été adopté. Ce drap d’une fort jolie nuance, rappelle en plus foncé le drap de hussard ; il est adopté pour l’uniforme complet de l’infanterie, pantalon, capote et képi.

Ce drap coûte environ 9 francs le mètre et il faut environ 4 m 50 pour habiller un pioupiou soit quatre millions cinq cent mille mètres pour un million d’hommes. Nombre d’usines fabriquent quatre et cinq mille mètres par jour ; quelques unes produisent quinze mille mètres.

Enfin les prix payés par l’Etat sont à peu près les suivants : pantalon, 12 francs ; veste 14 francs ; capote, 25 francs. Total 51 francs. Par suite de la hausse sur les laines ce prix est supérieur de 3 ou 4 francs aux cours d’il y deux ans.

 

Extrait de l’illustration, journal universel – 1914.

 



15/01/2018
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