La vie en Lorraine au siècle des Lumières - 1.13 coûteuses passions de Léopold
Léopold avait de nombreux sujets de dépenses : d’abord il était joueur enragé, et cette malheureuse passion lui coûtait beaucoup d’argent ; il lui arriva en deux fois de perdre plus de deux millions. Il est vrai que, quand il était par trop malheureux au jeu, il avait trouvé un moyen fort ingénieux de se libérer : il ne payait pas. C’est en vain que ses adversaires lui faisaient observer respectueusement qu’eux avaient payé lorsqu’ils avaient perdu ; Léopold faisait la sourde oreille et continuait à jouer sur parole jusqu’à ce que la chance eût tourné en sa faveur. Ce jeu effréné dura toute sa vie.
Le prince avait encore une autre passion très coûteuse, la politique. Il avait de grandes ambitions et prétendait un jour ou l’autre jouer un rôle en Europe. Pour y parvenir, il entretenait un peu partout des émissaires, négociait sous le manteau de la cheminée, achetait des consciences, intriguaillait à Vienne, en Hollande, un peu partout. Tout ce commerce lui coûtait fort cher, sans qu'il soit arrivé jamais à un bien brillant résultat.
écritoire ayant appartenu au duc Léopold
Mais s’il n’obtint rien pour lui, il fut plus heureux pour son fils François. Son rêve était de le marier à la fille aînée de l’Empereur, l’archiduchesse Marie-Thérèse. Dans ce but, en 1723, il envoya le jeune prince, alors âgé de quatorze ans, faire un séjour à la cour de Vienne ; il le fit accompagner par M. de Craon pour le surveiller et surtout pour le diriger de façon à lui faciliter le mariage si ardemment souhaité.
François reçut à Vienne un accueil enthousiaste ; grâce aux habiles manœuvres de M. de Craon, il y fut bientôt considéré comme l’héritier de l’Empire, Charles VI n’ayant pas d’enfant mâle, et il s’y établit définitivement.
assiette de porcelaine de Chine aux armes de Lorraine
Le jeu et la politique absorbaient donc des sommes considérables. Le duc avait beau créer des impôts et pressurer son peuple pour subvenir à ses prodigalités, il devenait chaque jour plus besogneux ; il en était arrivé à être criblé de dettes et à emprunter à tout le monde. Les pensions n’étaient plus payées ; on devait trois quartiers aux officiers du prince, deux années aux domestiques. C’était lamentable ; c'était la ruine prochaine et inévitable.
Léopold ne paraissait pas s’en soucier et il continuait gaiement sa vie, lorsqu’une catastrophe imprévue vint en interrompre brusquement le cours.
A suivre
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