La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

Le bourrelier

La Lorraine de nos ancêtres

 

 

 

A la fois bourrelier, sellier et harnacheur, cet artisan exerce trois activités.

À la campagne, au XIXème siècle, l'artisan bour­relier fournit une importante clientèle de voituriers, de muletiers et d'agriculteurs. Il répare et confectionne les bâts (1) et les harnais des bêtes de somme, les colliers et les guides des chevaux qu'on attelle à la charrue, aux charrettes et aux tombereaux. Chevaux de labour, de trait ou de selle étaient habillés selon la tâche à laquelle on les destinait : brides, mors et œillères, licols, colliers, sellettes, rênes, guides, cordeaux et traits. L’exécution d’un harnais complet est une opération longue et délicate qui implique le travail du cuir, mais aussi du bois, du fer et du cuivre. Compte tenu du temps qu’il devait lui consacrer, le bourrelier ne fabriquait que quatre à huit harnais par an. Souvent, il travaille seul, parfois aidé d'un ouvrier, toujours secondé par sa femme.

En ville, le sellier-harnacheur habille les chevaux de selle et les fiacres.

 

 

Il fabrique des harnachements et des harnais de luxe, qui rehaussent l'éclat des équipages. Autant de signes de distinction fort prisés par une clientèle fortunée. Sa position sociale n'est pas comparable avec celle d'un bourrelier de village, encore moins avec celle des ouvriers bourreliers nombreux à travailler pour un maître sellier ou dans les compagnies (mines, omnibus, pompes funèbres), qui ont leurs propres ateliers chargés de la fabrication et l'entretien des harnais des chevaux de trait.

 

 

Le bourrelier d'un bourg dispose ordinairement de deux pièces pour exercer son métier : une boutique sur rue et un atelier sur cour. C'est là qu'il entrepose et travaille les différents maté­riaux qu'il utilise : les cuirs (en général de bœuf et de vache), les bois, les toiles et les sangles, les boucles, les anneaux d'attelle en fer et en cuivre, les différentes pièces de fer et les mors, mais aussi les grelots et sonnettes qu'il a commandés au fondeur. Sont aussi présents les nombreux accessoires qui servent à la décoration des harnachements, clous dorés, houppes, glands, franges, utilisés surtout pour les mariages et les fêtes.

Les bâts, les attelles et les arçons, souvent en bois de hêtre, sont fournis tout ébauchés au bourrelier qui n'a plus qu'à les ajuster. Différents tissus côtoient les matériaux de rembourrage et matelassage (paille, crin et bourre).

 

En 1862, les chiffres du recensement des animaux de bât, de trait et de selle montrent l'importance de la traction animale dans la France urbaine et rurale d'alors : trois millions de chevaux, cinq cent mille ânes, trois cent mille mulets. Sur les routes empierrées circulent charrettes, chars, et diligences Le service des postes est assuré par malles-poste. Dans les villes, les fiacres sont doublés d'omnibus. La profession est donc importante et répandue, liée à l'agriculture comme aux transports.

Le souci de l'artisan bourrelier est de répartir son travail sur l'ensemble de l'année pour éviter la morte-saison et faire face aux demandes des agriculteurs dans les moments de presse. Dans les régions de grande culture, la coutume de l'abonnement, contrat signé entre le bourrelier et l'agriculteur, facilite le travail des bourreliers en leur assurant une clientèle fixe, en leur permettant de mieux gérer leur travail et d'acheter leurs marchandises en grande quantité, avec donc rabais et bas prix. Le bourrelier répare alors, pendant toute l'année et pour un prix forfaitaire, les harnais d'un cultivateur et s'engage à remplacer au bout d'un temps déterminé les harnais réformés par des harnais neufs. Le délai de renouvellement varie de quatre à sept ans.

Ce système, en vigueur jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, exige un certain capital du bourrelier qui s'installe, car il doit pouvoir tenir un an avant d'être réglé. Cependant, les réparations d'abonnement et la confection du neuf lui permettent de s'occuper pendant la morte-saison. Le vente des harnais réformés lui procure en petit bénéfice.

 

 

  • Dispositif que l'on place sur le dos des bêtes de somme pour le transport de leur charge

 



15/10/2020
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