La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

Le Suisse d'église

 

 

Dans l’Eglise catholique, lors des offices du dimanche, aux mariages, enterrements et grandes fêtes, un personnage haut en couleurs dirigeait la cérémonie.

Avec son bicorne orné d’un plumeau tricolore, sa longue veste rouge ou bleue aux superbes épaulettes et aux boutons dorés, le Suisse avait fière allure. Une écharpe décorée de galons et brodée d’or partait de l’épaule gauche vers le côté droit Elle était retenue par deux magnifiques glands en or dans lesquels était accrochée l’épée richement ciselée et décorée de bas-reliefs. Tenue de la main gauche, une hallebarde d’une extrême finesse reposait sur son épaule. Dans sa main droite, la canne au pommeau argenté. Lors des grandes cérémonies, il portait des souliers à boucle et des bas blancs.

Il présidait les offices avec sérieux et intervenait auprès des enfants bavards Il accompagnait les personnes faisant la quête. Près de chaque banc, il frappait le sol de la pointe de sa canne. Ce faisant, il lui arrivait régulièrement de réveiller l’un ou l’autre des paroissiens qui s’était endormi pendant le sermon. A la fin de l’office, il accompagnait à la sacristie les ministres du culte et leurs adjoints.

Quand on évoque devant moi l’expression « les pompes de l’Eglise » je revois le Suisse, superbe et impressionnant, les oriflammes qui décoraient les piliers de la nef et les draperies chatoyantes qui ornaient les murs du chœur de l’église, les très nombreux tableaux, les statues et les ors. Tout cet apparat disparut après le concile Vatican II, sous l’impulsion de pape Jean XXIII, qui souhaitait redonner à l’Eglise une image de modestie bienséante.

La procession de la Fête-Dieu était un ravissement. La veille de cette cérémonie, les paroissiens préparaient les festivités. Pendant que les uns montaient reposoirs et arcs de triomphe, les autres, accompagnés des enfants, partaient en forêt couper des branches de bouleau qui allaient jalonner le parcours suivi par le cortège. Très tôt le dimanche matin, on cueillait les roses, pivoines, lys et autres fleurs de saison pour parsemer la route de pétales odorants. La population se hâtait de décorer les édifices, les maisons et les fenêtres de guirlandes de verdure et de fleurs. Les fenêtres étaient ornées de napperons, de bouquets, de statues et d’images pieuses. Chacun rivalisait d’imagination et d’originalité. Une ambiance très particulière était créée.

 

reposoir

 

Lorsque s’avançait la procession, c’était magnifique. Le Suisse ouvrait le chemin. Vêtus de blanc, un panier accroché par un ruban de satin autour de leur cou, les enfants avançaient pieusement et parsemaient le sol de pétales de fleurs. Suivait le Saint-Sacrement, porté par les membres du clergé revêtus de leur plus bel ornement. Le baldaquin était porté par les membres du « cercle catholique » en costume noir. Les enfants de chœur des accompagnaient dans leur soutanes rouges recouvertes de surplis en lin blanc orné de dentelles derrière le clergé, défilaient les officiels, les associations précédées de leurs porte-drapeaux et la musique municipale. Le long cortège passait en chantant en en priant. Un arrêt était marqué aux différents reposoirs. C’était une cérémonie remplie de piété et de beauté, de solennité et de ferveur…

Au milieu du siècle dernier, remplissant le même rôle, le bedeau portait un uniforme plus sobre, épuré de ses ors et modernisé, ressemblant plutôt à la tenue d’un pasteur ou d’un magistrat.

 

D’après Edgard BUND, vieux métiers de Lorraine – 2007.

 

Suisse au XIXème siècle

 

 

Hallebarde

 

 

 

bicorne

 

 



03/10/2020
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