La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

Les Etats de Lorraine sous Léopold - 2.2 Premières mesures

Lors de l'arrivée en Lorraine du duc Léopold, en 1698, il n'y avait que 8.419 conduits (1) imposables, ce qui représente une population de 40 à 50.000 habitants au plus, mais qui ne comprend pas le « menu peuple », les domestiques, ni les serfs. Nancy, l'un des trente et un lieux méritant le nom de ville ou de bourg, comptait 7.530 âmes ; Lunéville, 975 ; Vézelise, 580 et Blâmont, 322, etc.

Les subventions ou contributions étaient de 680.000 livres, et les domaines rapportaient 2.000.000 de livres (ou francs). Déjà, dès leur arrivée, les commissaires qui précédèrent Léopold en Lorraine avaient prescrit de payer, à titre de don de joyeux avènement, une imposition égale à la capitalisation exigée annuellement par le roi de France. Afin d'augmenter ses ressources, le nouveau duc, par un édit (1700), créa cinq cents offices de fabricants et distillateurs d'eau-de-vie, tant de vin, lie de vin que de marcs de raisin. Ces offices, qui furent portés à six cents, étaient à vie et se remplaçaient à mesure des vacances ; ce qui donnait au prince un revenu annuel, mais indéterminé. Les propriétaires pouvaient vendre leurs produits ou les faire distiller par les nouveaux officiers.

 

le château de Lunéville.

 

Pour l'administration de son duché, à côté de la Cour souveraine qui avait été conservée avec Jean-Léonard Bourcier, comme procureur et avocat général, Léopold prit, pour ses quatre secrétaires d'Etat et ses maîtres de requêtes, de simples anoblis (Canon, Mahuet, le Bègue et l'abbé Melchior).

Peu après son arrivée en Lorraine, les membres de la chevalerie et les pairs fieffés lui demandèrent de rétablir l'ancienne constitution, de convoquer les États Généraux, et de rendre au tribunal des Assises son antique juridiction. Léopold, parodiant Louis XIV, répondit à ces requêtes de manière à ôter à ceux qui les présenteraient l'envie de les renouveler. Sous son règne le régime constitutionnel fit place au régime absolu (2). Il crut se montrer généreux, en introduisant dans la Cour souveraine deux ou trois gentilshommes qu'on décora du titre de conseillers-chevaliers d'honneur, et en laissant les Cour et Chambre des comptes, récemment rétablies, enregistrer les édits bursaux (3) : ce qui semblait impliquer le droit de refuser l'enregistrement ou de remontrance. «Au criminel, il ne leur confia que les appels des grueries du domaine, la connaissance des malversations des comptables, celle des monnaies et des mines, et enfin des crimes et des délits commis par les employés de ces administrations.»

Les nobles dédaignèrent presque tous ces fonctions, roturières selon eux.

 

A suivre.

 

1 - Foyers

2 - Imitant une fois de plus l'exemple des Bourbons de France, Léopold supprima les élections, et créa des offices municipaux héréditaires et perpétuels qu'il vendit à un taux modéré et dont la rente était payée aux titulaires sur les deniers des villes. Nancy, Saint-Nicolas, Rosières, Marsal, Château-Salins, Saint-Dié, Lunéville, Blâmont, Sarreguemines, Saint-Avold, Dieuze, Bouzonville, Boulay, Rambervillers, Mirecourt, Charmes, Bruyères, Saint-Mihiel, Briey, Etain, Pont-à-Mousson, Thiaucourt, Bourmont, Lamarche, Gondrecourt furent mis au régime des conseils municipaux salariés.

3 - Qui portent création d’impôts exceptionnels sous l’ancien Régime.

 

 



07/06/2020
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