La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

La vie en Lorraine au siècle des Lumières - 1.15 François III, successeur de Léopold

Au moment de la mort de Léopold, son fils ainé François était à Vienne depuis six ans. Le feu duc avait prévu ce cas et établi par son codicille du 10 décembre 1720, un conseil de régence composé du grand maître d'hôtel, du grand chambellan, du grand écuyer, du plus ancien des maréchaux de Lorraine, du garde des sceaux, des premiers présidents de la Cour souveraine et de la Chambre des comptes, ainsi que du secrétaire d'Etat et du maître aux requêtes qui seraient alors de quartier ; la présidence en était attribuée au prince Charles et, en son absence, au grand maître d'hôtel.

Mais les dernières volontés du duc de Lorraine ne furent pas respectées et la duchesse douairière n'eut aucune peine à se faire donner la régence dans une assemblé des principaux officiers et hommes d'Etat lorrains.

 

François III de Lorraine

 

Elisabeth-Charlotte réagit contre les prodigalités de son époux, éteignit toutes les lettres de survivance données par lui, annula les aliénations de biens du domaine, frappa d'une taxe de 1500 livres tous les nouveaux anoblis, et résolut à rétablir l'équilibre entre les recettes et les dépenses. La dette publique s'élevait à près de 9 millions, et le Trésor était vide. Le directeur général des finances Masson, accusé de complaisances excessives pour les favoris du feu duc, fut arrêté et gardé à vue. Cette rigueur contraste avec la mansuétude dont la régente fit preuve à l'égard de M. de Craon, qui fut suspendu de ses fonctions de grand écuyer, mais nullement inquiété. Le premier président de la Chambre des comptes, Lefebvre, fut exclu du Conseil d'Etat, dont il avait été autrefois l'oracle, et l'on mit les scellés sur ses papiers.

Sur l'ordre venu de Vienne, la régente préleva sans délai le don de joyeux avènement, qui fut fixé à 380 000 livres pour la Lorraine, et à 174 000 pour le Barrois ; mais cette somme ne resta pas dans les duchés : François, indifférent aux besoins de ses sujets, dépensait beaucoup, et adressait à sa mère de continuelles demandes d'argent : « Ma douleur, écrivait Elisabeth-Charlotte désespérée, va toujours en augmentant de la cruelle perte j'ai faite et de l'incertitude où je suis du retour de mon fils dans ce pays-ci, me l'augmente encore, car il est gouverné là-bas par des gens qui, ne connaissent pas ce qui est de son bien et de ses véritables intérêts, ce qui me fait mourir et, s'il pouvait être ici, on lui ferait connaître. Outre cela, cela retarde toutes les affaires, car il ne veut pas que l'on fasse la moindre chose qu'il n'en soit averti auparavant, et la réponse est longue à venir ».

C'est seulement le 29 novembre 1729 que le nouveau duc arriva à Lunéville, en médiocre équipage, escorté de quelques officiers germaniques. Il fit regretter à tous par ses manières réservées et hautaines, l'affabilité de son père : il affectait de ne saluer que les princesses de sa maison, supprima les réceptions, et fit évacuer les logements occupés dans les ailes du château par quelques familles nobles du pays. La cour, jadis si animée, devint presque déserte, inaccessible aux seigneurs lorrains, François passait son temps à faire de la musique avec les étrangers qu'il avait amenés de Vienne, ou à chasser avec, eux dans les environs.

François partit pour Versailles le 21 janvier 1730, afin de rendre à Louis XV l'hommage qu'il lui devait pour le Barrois. Malgré l'accueil empressé qu'on lui fit, et bien qu'il parût fort goûter les plaisirs de la vie de Paris, il se hâta de revenir à Lunéville. Un an après (avril 1731), il déféra la régence à sa mère et se rendit à Bruxelles, d'où il gagna Vienne. Plus autrichien que lorrain, il se consacra tout entier aux fonctions de vice-roi de Hongrie que lui donna, le 28 mars 1732, l'empereur Charles VI, dont il devait être le gendre et le successeur.

 



17/05/2020
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