La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

Sampigny en 1909

 

Population : En 1803: 858 hab. — En 1851: 1067hab. — En 1901 : 923 hab. (plus 6/8 militaires).

Distance 19 kil. S.E. de Pierrefitte. — 10 km. N.-N.-0. de Commercy.

Bureau de poste, télégraphe et station de chemin de fer. — Chef-lieu de perception. Recette dès contributions indirectes. — Succursale de caisse d'épargne.-Résidence d'un notaire.

Patron : sainte Lucie, 11 septembre.

 

Sampigny est un joli bourg situé au pied de la côte Sainte Lucie, sur la route nationale de Neufchâteau à Mézières et au passage de la voie ferrée Lérouville-Sedan et du canal de l'Est.

Ce bourg, qui dépendait autrefois du diocèse de Toul, remonte à une haute antiquité. Childéric roi d'Ostrasie, le donna à l'église de Verdun. Les vieux chroniqueurs le désignent par Saptiminium (Laurent de Liège) ou Castrum Seteniâ. Enfin dans un diplôme daté de Colmar en 1156, l'empereur Frédéric Barberousse lui donna le nom de Sampiniacum Castrum.

 

Dom Calmet dit en parlant de Sampigny : « Cette ville étoit autrefois très bien fortifiée et a souffert plusieurs sièges célèbres dans l'histoire. Elle étoit de forme quadrangulaire, oblongue ayant de bonnes et fortes murailles et un grand et profond fossé plein d'eau qui la ceignoit tout autour. Quatre grosses tours la flanquoient à ses quatre coins ; on en voit encore une assez entiére ; les autres sont renversées. Dans l'enceinte de la ville étoit une autre grosse tour fort massive, près de laquelle étoit le château »

 

En dehors de l'enceinte de la ville, et au midi se voit le château construit au XVIème siècle par Louis de Lorraine, prince de Phalsbourg, beau-frère du duc Charles IV. Ce beau domaine passa ensuite au prince de Ligne, puis au comte d'Issoncourt, et enfin à la famille Pâris de Montmartel qui, vers le milieu du XVIIIème siècle a fait orner le château à la moderne.

 

« Du côté du couchant se voit le bourg, qui a aussi été fortifié et fermé de gros murs de dix pieds d'épaisseur, et plus solides que n'étaient ceux de la ville, qui n'avaient qu'environ six pieds d'épaisseur. Il y reste encore deux portes, l'une à l'Orient, l'autre au Midi. »

 

 

Pour bien comprendre ces descriptions, il importe de faire remarquer que Sampigny était composé de quatre parties, savoir : 1 – la ville qui renfermait une chapelle castrale servant d'église paroissiale ; c'était un beau monument voûté et richement décoré ; 2 - le bourg, jadis très fortifié ; 3.- le château,,en dehors de la ville et du bourg ; 4 - enfin le fief de Somphen, faubourg distant de 400 m.

 

Tel était Sampigny vers le commencement du XVIème siècle. Cette ville, qui semblait être la rivale de Commercy et de Saint-Mihiel, subit comme elles de  cruels désastres et plusieurs sièges. Ce n'est qu'à travers de douloureuses et violentes transformations qu'elle est arrivée à être aujourd'hui une localité sans importance politique, mais paisible, élégante et propre.

Parmi les sièges que Sampigny a eu à supporter, le plus ancien dont on ait connaissance remonte à l'an 1318. L'évêque de Verdun, Henri d'Apremont, en sa qualité de seigneur de Sampigny, se trouvait avec son frère à la tête des troupes, comme défenseur de la ville, dont le comte de Bar, Édouard Ier, voulait s'emparer. Celui-ci poussait vigoureusement le siège, lorsque Gaucher de Châtillon, connétable de France et d'autres gentilshommes envoyés par le roi Philippe-le-Long, virent menacer les belligérants de saisir leurs terres s'ils ne faisaient la paix.

 

Effrayés de ce danger, l'évêque et le comte ne purent faire autrement que de répondre à la lettre royale par des assurances de respect et de soumission, et un accommodement eut lieu entre les parties.

 

Quatre ans s'étaient à peine écoulés lorsque les Messins, on ne sait pour quelle cause, viennent à leur tour assiéger la ville de Sampigny. Pendant les six semaines que dure le siège, les habitants se montrent si courageux que les Messins, après des pertes considérables et victimes aussi, peut-être, de quelque trahison, se voient forcés de se retirer honteusement.

 

 

En 1358, un des événements malheureusement si fréquents à cette époque de barbarie amène pour Sampigny de nouvelles luttes armées. La trop fameuse Yolande de Flandre, veuve de Henri IV, comte de Bar, et régente du comté de Flandre pendant la minorité de ses fils, jette le ravage dans la contrée pour se venger de l'évêque de Verdun, Hugues de Bar, son parent.

Dans ce but, elle s'allie, de concert avec son fils Robert, duc de Bar, à Wenceslas, roi de Bohème et duc de Luxembourg. Ces seigneurs, peu soucieux du bon droit et de la justice de la cause qu'ils vont soutenir, attaquent l'évêque de Verdun, en mettant le siège devant Sampigny et la forteresse de Mangiennes qui lui appartenaient. Sanipigny, après s'être vaillamment défendu contre les troupes barroises, capitule le 23 octobre. Après avoir vainement tenté les voies de négociation, l'évêque, trop faible pour résister à de si redoutables ennemis, se décide à traiter (22 août 1359) et se soumet aux dures conditions que les ducs lui imposent. Sampigny passa alors aux comtes de Bar ; mais les évêques de Verdun ne tardèrent pas à le racheter.

 

Vers 1379, Pierre de Bar, seigneur de Pierrefort, homme hardi, entreprenant et redouté de tous ses voisins, s'étant emparé des forteresses de Sampigny et Charny, s'en servit pour piller et rançonner tous les environs. Une ligue des ducs de Bar et de Luxembourg se forma bientôt contre ce farouche guerrier pour réprimer ses déprédations. Assiégé dans Charny et voyant qu’il ne pouvait tenir plus longtemps, Pierre de Bar mit le feu au château, et, à la faveur de l'incendie et du désordre qui s'en suivit, parvint à s'échapper. Il se retira alors à Sampigny, où il tint encore tête à ses ennemis, et périt dans un combat vers la fin d'octobre 1380.

 

Ce fut là le dernier chapitre de l'histoire militaire de Sampigny. Cette ville, possédée alternativement depuis cette époque, et pendant plusieurs siècles par les évêques de Verdun et les comtes de Bar, échut enfin aux ducs de Lorraine. L'un d'eux, Léopold, érigea cette seigneurie en comté en 1712, en faveur du comte d'Issoncourt. Une nouvelle érection faite par le duc François III, en 1729, annula la dernière et mit ce domaine entre les mains de la famille Pâris, qui, comme nous l'avons vu, y fit des changements considérables.

 

Le temps et la période révolutionnaire ont dispersé tout ce qui restait des anciennes fortifications ; mais le château est encore debout, entouré d'un beau parc, et servant de caserne à un régiment de cavalerie après avoir abrité pendant de longues années une compagnie de remonte.

Sampigny avait pour armes : d'or, à la fasce d'azur, chargé en cœur d'une pomme pendante, tigée et feuillée d'argent. Couronne de comte : supports, deux lions au natuel.

 

Il a existé à Sampigny un atelier monétaire appartenant aux évêques de Verdun, du XIème au XIIème siècle.

Sur une hauteur voisine de Sampigny, s'élevait autrefois le couvent de Sainte Lucie aux environs duquel croissait et croît encore l’arbre ou cerisier de Sainte-Lucie. Ce lieu doit son nom à la légende l'une princesse d'Écosse, qui, pour se dérober aux séductions de la cour du roi son père, passa sur le continent au VIIème siècle, et après avoir traversé une partie de la France, vint se fixer près de Sampigny, où l'opulent Thiébault lui confia la garde de ses troupeaux. Sa modeste simplicité fut telle, dans cet humble emploi, qu'on ne soupçonna jamais sa haute naissance.

Sainte Lucie fut, dit la légende, enterrée sur la colline qui domine Sampigny et où, de son vivant, elle conduisait son troupeau. Sur le lieu de sa sépulture fut bâtie une église dans laquelle on voyait une grotte où la sainte avait coutume de se retirer pour prier. Bientôt il s’y fit un immense concours de pèlerins, qui ne manquaient pas, en s’en allant, d’emporter des chapelets, des étuis et d’autres petits objets fabriqués avec le cerisier de sainte Lucie, dont le bois, de couleur rougeâtre, d’un grain fin et serré, ne perd jamais sa bonne odeur, quelque vieux qu’il soit. Les livres de botanique disent à tort que le nom de cet arbre vient d'une abbaye de Sainte-Lucie-en-Vosges qui n'a jamais existé. I

Les femmes stériles invoquaient sainte Lucie pour obtenir une postérité : parmi celles qui vinrent s'asseoir dans la grotte de la sainte, sur un fauteuil taillé dans la pierre, on cite la reine Anne d'Autriche, qui fit ce pèlerinage en 1632.

 

Industrie et Commerce. - Broderies. — Moulin, converti en brosserie. — Brasseries. — Commerce de bois. - — Fromages en gros. – Deux foires, fixées aux 9 mars et 9 septembre, sont tombées en désuétude.

 

Écarts. - Sainte-Lucie, à 1 kil. de Sampigny, se compose d'une belle maison de ferme et d'une vaste et superbe propriété. — Sompheu, comprend au moins le tiers de la population totale du bourg, auquel il est maintenant rattaché. — Citons en outre Martin-Champ, ferme, à 1 kil. 8 ; la Presle, maison, à1 km. 5 — le Magasin des fourrages militaires, à 1 kil. 5 ; et une barrière, passage à niveau sur le chemin de fer.

 

Extrait de l’ouvrage « Département de la Meuse : géographie physique, économique et administrative par H. Lemoine, » - 1909.

 

 



01/03/2018
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