La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

la Lorraine sous Léopold - 2.23 L'université de Pont-à-Mousson (1)

 

 

L’instruction était loin d’être négligée en Lorraine, et le plus important de tous ses établissements était sans contredit la célèbre université de Pont-à-Mousson. Cette grande institution jouissait dans tous les pays civilisés d’une réputation glorieusement acquise. Non seulement les lorrains, mais encore les étrangers accouraient de toutes parts pour y puiser la connaissance des lettres divines et humaines « comme disait Léopold ». On y enseignait le latin, le grec, l’hébreu, le français, l’histoire, la géographie, les mathématiques, la philosophie, la théologie, le droit, la médecine. Toutes les facultés s’y trouvaient réunies. Les pères de la compagnie de Jésus y avaient établi un de leurs collèges.

Mais la discipline s’y était notablement relâchée pendant les guerres du dix-septième siècle. Sa renommée en avait souffert. Léopold, qui manifestait une affection toute particulière pour les études solides et surtout pour celle du droit canonique et civil, veut mettre fin au désordre et déraciner les abus par son édit du 6 janvier 1699. Il croit ne pouvoir mieux rendre son ancienne splendeur à l’université qu’en rétablissant la pureté de ses exercices suivant ses statuts d’autrefois. Son édit règle la forme des études de chaque faculté, le nombre et les devoirs des professeurs et la conduite des élèves, et ouvre la porte des dignités ecclésiastiques et civiles à ceux qui le méritent par l’acquisition des grades nécessaires

A la tête de l’université, le prince place un recteur qui en a la police générale, qui maintient l’ordre dans les classes et les études confiées aux jésuites, qui admet, refuse ou expulse les élèves, et qui surveille leurs mœurs et leur enseignement, sans toutefois porter atteinte aux droits des doyens et des professeurs des facultés de droit et de médecine.

Afin d’y attirer un plus grand nombre d’étudiants et de la faire plus florissante, le duc supprime et ordonne de fermer toutes les écoles d’humanités, de rhétorique et de philosophie ouvertes dans ses états, à l’exception de celles des monastères qui ne sont toutefois conservées que pour les religieux.

L’édit interdit l’exercice des charges de judicature dans les cours et les compagnies souveraines, dans les bailliages et les sièges bailliagers, aux aspirants qui n'ont pas été reçus licenciés en droit à Pont-à-Mousson ou dans les autres universités approuvées. De même, pour pratiquer l’art de guérir, il faut se pourvoir d’un titre régulier et authentique délivré par un docteur en médecine, qu’on fait enregistrer à la faculté et qu’on exhibe aux médecins domiciliés, aux magistrats et aux officiers de police. Sans cette garantie, on est traité de charlatan et chassé de la ville. On en dispense toutefois ceux qui peuvent avoir des secrets approuvés pour les malades et qui s’en servent pour le soulagement des pauvres et par charité seulement.

Le duc, tenant à récompenser le mérite personnel, appelle de préférence les personnes qui joignent à une bonne conduite de bonnes études, aux emplois publics, et notamment à ceux de l’église « qui, pour être d’un ministère plus relevé, ne doivent être confiés qu’à des gens d’un savoir éminent ». En conséquence, il réserve les cures de Nancy, Bar, Pont- à-Mousson, Saint-Mihiel, Épinal, Mirecourt et Neufchâteau, aux docteurs en théologie, et les autres cures aux prêtres qui comptent au moins deux ans de théologie.

 

A suivre

 

Source : la Lorraine sous le duc Léopold - 1866, Ch Charton.

 



10/04/2021
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