La Lorraine dans le temps

La Lorraine dans le temps

La Première guerre mondiale en Lorraine - 31 juillet 1914

 

Voici une nouvelle série consacrée à la vie quotidienne en Lorraine au début de la Première guerre  mondiale Les informations sont issues des articles publiés par la presse régionale de l'époque.

 

 

31 juillet 1914 – l’Est Républicain

 

Nancy

Jeudi soir une vive animation régnait dans Nancy. De nombreux habitants circulaient dans les rues centrales, attendant des nouvelles. Dans notre hall une véritable foule attendait la sortie de notre édition. A onze heures, l'animation est toujours aussi grande, puis on voit des bicyclettes militaires circuler à toute vitesse dans les rues. Des plantons vêtus de la capote passent également dans la ville. On les interroge. D'une phrase brève Ils indiquent qu'il y a alerte dans les régiments.

Les groupes se forment, des conversations s’échangent, les bruits les plus divers circulent, mais il n’y a aucune émotion, car on s'attendait même à une mobilisation. Bientôt les officiers en tenue de campagne sortent de leurs demeures. Ils se dirigent à pied vers la caserne. Les consommateurs sortent des cafés et, tout en causant on se rend rue Sainte-Catherine.

 

 

A la caserne Thirv, toutes les fenêtres sont allumées. On a la certitude qu’une vive animation y règne. Du quartier sortent et rentrent de nombreux militaires qui ont été chargés de missions à l'intérieur de la ville. Sur les trottoirs et sur la chaussée, la foule est dense.

Des militaires, fusil à l'épaule, circulent d'un pas rapide. D'un ton bref, ils commandent de « circuler », afin de disperser les groupes qui stationnent. Aucun murmure. Chacun obéit. On reprend la monotone promenade de la porte à la rue Sainte-Catherine.

Beaucoup de femmes sont venues accompagnées de leur mari, d'un parent, pour voir un fils ou un frère qui est au régiment. Pas de pleurs, mais pas d'exubérance. Chacun conserve son calme. On a la grande impression que tous ceux qui sont présents sont prêts à faire leur devoir. On s’encourage l'un l'autre. Chacun indique son affectation en cas de mobilisation. Tous ont relu leur livret militaire, afin d'être bien pénétrés de l'endroit où ils devront se rendre.

Minuit. Les hommes du 26ème descendent peu à peu dans la cour. Les compagnies se forment, les fusils sont en faisceaux, les sacs sont à terre, tout cela se fait dans le plus grand silence. On s'approche de la grille pour apercevoir quelque chose. L'obscurité ne permet de voir que des masses confuses d'hommes.

Des officiers, commandants et capitaines sortent à cheval de la caserne. On les salue au passage, sans aucune manifestation. Il est plus d'une heure. La foule est toujours aussi grande, mais la lassitude vient chez quelques-uns, qui, comme à regret, quittent les abords de la caserne pour regagner leur domicile. A une heure et demie, le 26° quittait la caserne, le drapeau dans sa housse. Deux cents personnes étaient encore présentes. Des cris de « Vive la France ! Vive l'armée ! » saluèrent nos soldats qui s'en allaient, aussi tranquilles que pour toutes les autres alertes de nuit.

 

Ce n'était là, d'ailleurs, répétons-le, qu’une alerte comme on en voit souvent dans l’Est et les hommes rentreront à Nancy ce matin.

 

A suivre

 

 

 



27/01/2022
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