La Lorraine dans le temps

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Sobriquets de Lorraine : la Meurthe et Moselle

A Malzéville près de Nancy, la division en trois secteurs ayant chacun son identité propre a fait longtemps l’objet de trois sobriquets. Ceux du haut étaient les Magnums, nom donné jadis à une variété de pomme de terre de taille impressionnante, produite par de nombreux maraichers établis sur les pentes du plateau jusqu’à Pixérécourt.

Ceux du centre étaient les Biftecks, bourgeois et commerçants aisés, pouvant s’offrir de « la châ » viande rouge ou pot au feu qu’on achète chez le boucher.

Enfin ceux des bords de la Meurthe avaient hérité du nom du brochets parce qu’ils vivaient souvent du produit de leur pêche.

Le choix de tels surnoms est significatif de la primauté accordée aux nourritures terrestres.

Les gens d’Art-sur-Meurthe étaient surnommés les bons prieurs eu égard à la piété des moines de la chartreuse de Bosserville.

Les habitants de Trondes sont traités tantôt de verrats tantôt de loups garous. Mais on prononce ce qualificatif dans le patoi local « lo oue haiuroue » parce qu’il fournit un échantillon caricatural du rude accent qui est le leur.

A Saulxures les Vannes, les habitants étaient surnommés les « Lucifer » sans doute parce que le diable y aurait été aperçu.

On se demande si les « grands talons » de Maizières les Toul et de Lagney ainsi que les rouges talons de Juvrecourt ne sont pas ceux des sorcières équipées pour la soirée dansante de Maître Persil.

 

 

Pourquoi surnommait-on les habitants de Sommerviller les « taureaux » ou les  « brûlés » ? A la Renaissance, une épizootie avait mis à mal le troupeau des bêtes à cornes de Sommerviller. Les vaches dépérissaient après bu de l’eau du Sânon, à la saison où il est encombré du chancre qu’on y avait fait rouir.  Un guérisseur du voisinage, pour conjurer le fléau, ordonna que le taureau de la commune, « le taureau banal » comme il y avait le four banal, soit brûlé vif sur un bûcher comme pour les sorcières et qu’on répande ensuite ses cendres et ceux des fagots sur la tête et le dos de toutes les vaches. Ainsi fut fait.

Il y a peut-être quelque souvenir de maléfice dans le surnom donné aux habitants d’Autrey-sur-Madon, les « chapons ». Quand le futur duc de Lorraine Charles IV eut épousé sa cousine Nicole, fille du duc régnant Henri II, ils passèrent leur première nuit de noce au château d’Autrey, le 6 juin 1621. Nuit mouvementée puisqu’au matin, le jeune marié affirma haut et fort qu’il avait été dans l’impuissance de férir. J’ai été ensorcelé. On m’a noué l’aiguillette. Il se trouve des sorts dans le lit de la princesse ; j’ai dû chercher un autre lit. Le perfide préparait déjà les voies de la rupture de son engagement, contracté dans le seul but de conquérir le trône de Lorraine. Il se faisait passer à Autrey pour un chapon, cette variété de coqs qui ont perdu la faculté de procréer.

Le goitre était répandu en Lorraine. Il est des habitants de Rosières aux Salines qui doivent leur sobriquet « oua-oua » aux difficultés d’élocution liées à cette maladie. Un jour que le prince Napoléon leur rendait visite ils ne trouvèrent pas d’autres mots pour lui souhaiter la bienvenue que oua-oua.

Les gens de la commune de Laneuveville-devant-Nancy ont longtemps été appelés les pendus. Peut-être à cause de la présence d’un gibet qui aurait servi plus que de raison.

Pourquoi les habitants de Chaligny et de Pont-Saint-Vincent étaient-il nommés « Paquins » ?

On dit qu’ils ne se confessaient qu’une fois par an, à Pâques.

 

Quand on considère le catalogue de sobriquets de nos contrées on est frappé par la fréquence du qualificatif de fous et de ses dérivés.

On trouve les fous de Fraimbois, de Crépey, de Minorville, de Courbesseaux, de Juvrecourt, de Sivry, sans compter les bêtes de Borville, les bêtes de derrière le château, terme par lequel on désigne les habitants de Vaudeville qui se trouve derrière le château d’Haroué. On trouve les bourriques d’Houdelmont, les ânes de Choloy, ou les Fraimbois de Ville-en-Vermois qui ne peuvent être que fous.

 

D’après le grand livre les quolibets et sobriquets de Lorraine de Jean Vartier.

 

A suivre

 



01/02/2022
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